jeudi 26 août 2010

Chroniques boliviennes : le barbier et la Lucha libre..

Premières news après une semaine assez dingue...

Nous vous avions laissé à Puno, sur le Lac titicaca, a la frontière bolivienne. Le lendemain matin visite des îles flotantes d’Uros, ou de Disneyland si vous préférez. On a quand même eu droit à des chants aymaras et quechuas (alors qu’ils ne parlent pas quechuas mais ça fait typique...) et surtout à de belles reprises de « Vamos à la Playa » ou encore « Frère Jacques ». Un desastre touristique donc. Heureusement on s’est consolé grâce au Doctor Baillón. Un habitant de Puno rencontré par hasard qui nous a conseillé un resto local. Le buy-buy est relativement dur a trouver. Aucun panneau, juste une porte avec un numéro, ou l’on s’enfonce apres un long couloir sombre dans une gargotte de 20m2 qui nous remplira la pance de delicieux boeuf aux oignons...

Puis, départ pour la Bolivie. Bus durant 3h longeant le Lac Titicaca. Marche de 3km pour atteindre le poste frontiere. Et arrivée finale a la « station balnéaire bolivienne » de Copacabana. Plage, pédalos en forme de canards et chiens errants sont le décor de ce petit bout de paradis oú tout le monde vit au ralenti. Nous y resterons deux jours. Coupure d’electricité générale la premiere nuit qui donne une ambiance quasi glauque dans le village. Le lendemain visite de l’île du Soleil. Le berceau de la cosmogonie inca oú le Dieu Créateur Viracocha a engendré le Soleil et la Lune. Trop classe. Marche de 5h à 4000 mètres assez éprouvante... On se la joue un peu mais c’est seulement 10km... Plus beau coucher de Soleil jamais vu le tout en sirotant un jus de fruit pressé et quelques cigarettes avant de tapper une truite entière grillée à la plancha. C’est à ce moment que l’on a pensé à vous, en France... Que dire d’autre sur Copacabana ? Cette ville est ubuesque. Remplie de chiens et de sonos passant la lambada en boucle, version flûte de pan... Elle accueille chaque jour des centaines de personnes venant de tout le Pérou et la Bolivie pour faire baptiser leurs voitures à coup de pétards et de bière par les prêtres locaux ! Après ils se bourrent tous la gueule, c’est marrant vu que la cérémonie commence à dix heures du matin...

De manière générale on a appris quelque chose qui nous éclaire beaucoup sur la propension des boliviens à s’éclater la gueule. Selon leur philosophie, durant les fêtes, pour honorer Pachamama, la Terre-Mere, il CONVIENT de pousser l’excés à outrance et de se bourrer la gueule au maximum voire jusqu’à la mort. Dans ce cas là, il s’agit d’une offrande à Pachamama. L’alcolo est un héros ici.
Un autre angle vous aidera peut être à comprendre la situation de ce pays. Il y a quelques mois, le gouvernement à voulu faire passer une loi interdisant aux chauffeurs de bus d’être en état d’hébriété durant leur service. Énorme grève génerale des transports. La loi n’est jamais passée...

Bref, après ces quelques jours hors du temps, direction La Paz, bouillonante et déroutante. D’abord elle est literalement accrochée à la Cordillère. C’est un agglomérat de pixels-maisons qui ronge la montagne dès que la pente n’est pas trop raide. L’urbanisme anarchique par excellence. Des zones inconstructibles flanquées de bidonvilles dévalent les pentes du canyon encerclant la ville. Notre première impression : une foumilière géante et sale. En effet, tout grouille à la Paz. La ville regorge de marchés couverts necessitant une carte et une boussole pour s’y orienter. Les hommes courent tout le temps. Les femmes hellent les passants pour leur vendre de la bouffe, des lampes, des vêtements placés sur un étal à même le sol. Les taxis collectifs hurlent leurs destinations. La pollution est vraiment perceptible, surtout quand l’on finit une montée de 500 mètres le souffle court. Cette ville est assourdissante. Mais pourtant, chaque rue est un petit village qui contribue à nous mettre à l’aise. Du coup, nos trois jours là bas ont été rythmés par des experiences locales. Ballade dans la vieille ville, « dégustation » de bouffe locale, petit dej au marché où l’on prend le temps de converser avec les autres clients et les « cholitas » (la vendeuse typique de La Paz caractérisée par ses tresses, sa jupe d’inspiration andalouse, son chapeau melon et selon nous son poids...) Momp parfait son espagnol et je m’eclate pas mal. Les anecdotes fusent. Par exemple, on nous montre un mannequin pendu sur un pont et l’on nous explique que c’est un avertissement à l’attention des voleurs... C’est le Far West ici. La pauvreté est saisissante et d’ailleurs, beaucoup plus chocante qu’à la campagne. Le soir les ordures et les mendiants ne font plus qu’un. Les enfants des rues cirrent les chaussures des bourgeois en cagoule pour éviter l’oprobe sociale. Mais le plus gros plaisir de cette ville fut sans aucun doute le Barbier à l’ancienne. Momp et moi avions peur de l’hygiène mais elle s’est revélée irreprochable. Du coup, Momp conserve un belle moustache de Mexicain et moi un léger bouc-Luc Alphand des plus sympathiques.

Entre deux jours de flanneries dans les rues de La Paz nous avons entrepris ce que tout touriste veut faire durant son séjour en Bolivie. La fameuse route de la Mort qui part d’un col à 4600 mètres dans les hauteurs de La Paz et arrive en pleine jungle à 1200 mètres d’altitude, après 65km de descente en VTT ! La route est mythique à cause du nombre d’accidents mortels quand elle était encore utilisée pour la circulation mais aussi « grâce » aux pauvres kamikazes qui se sont crus plus forts que la montagne ou dont les freins ont laché au mauvais moment... C’est vrai que l’on longe le ravin pendant plus des deux tiers du chemin et parfois les passages sont assez étroits et vertigineux. La descente dure quatre heures. Quatre heures de plaisir et d’adrénaline. C’est juste fou. Puis l’on remonte par la nouvelle route qui a remplacé la route de la Mort en 2007 mais qui ressemble plus à une voie romaine qu’à du macadam...

Autre chose. On vous a parlé des Cholitas plus haut. Et bien, nous avons poussé l’experience jusqu’au bout en les voyant catcher !! Au Mexique puis dans toute l’Amerique latine il existe des salles de « Lucha Libre », sorte de catch burlesque mis en scène. Mais à La Paz, la spécialité c’est les femmes catcheuses. Donc nous sommes partis dans les faubourgs de La Paz. Une salle de basket a été reconvertie en arène de catch chaque dimanche. Le premier rang fourmillait de touristes mais les locaux étaient bien présents et après deux premiers combats assez poussifs ce sont les premiers à jeter des canettes ou des peaux de cacahuètes aux méchants catcheur ou à l’arbitre... Gros kiff là aussi. C’est déjà un rêve de voir de la Lucha Libre en Amérique du Sud mais si en plus les lutteurs sont grosses et ont des tresses...

Et puis, le dernier jour, nous avons fait un tour à Tiwanaku, en plein milieu de l'Altiplano avec la promesse de vestiges millenaires aux gravures fantastiques. Celles qui ont d'ailleurs inspiré Hergé pour son Temple du Soleil. Résultat, trois statues, deux portes et un tumulus ressemblant vaguement à une pyramide. On ne vous parlera pas des musées... Nous sommes donc rentrés le plus vite possible à La Paz pour profiter d'une dernière après midi dans les marchés...


Avant hier soir nous avons donc quitté la capitale avec regrets mais pour nous diriger vers Sucre, la plus belle ville de Bolivie... On vous confirme ça dans quelques jours...






L'île du Soleil, qui ressemble pas mal à la Grêce sans la baignade...


Le soir à Copacabana. Easy.

La Paz...

... et ses marchés, de lumières !

La Luchaaaaa Libreeeeeeeee !

LA statue de Tiwanaku...

et deux tocards rasés de près...

mercredi 18 août 2010

"Evo Morales es un hijo de puta"

Lundi matin nous partons pour le Machu Picchu. Nous avions le choix, pour y parvenir, entre deux solutions : la première, pépère et chère consiste à prendre le train depuis Cuzco. Il dure deux heures et coûte au minimum 60$... La seconde nécessite 9h de route, deux cols et 2h de marche le long d’une voie de chemin de fer pour arriver à Aguas Calientes, la ville juste en dessous du Machu. On se décide pour un aller en mode roots et un retour en train avec petit encas recommandé par Bobo.
Départ 7h vers la gare routière de Cuzco. En chemin, nous avons pris soin de nous ravitailler au Marché de Cuzco, principalement en bananes, fromage et pain pour deux jours. Les prix aux MP sont trois fois ceux de Cuzco… Ensuite nous entamons notre marche vers la gare. Trois péruviens nous font flipper en nous disant que l’on ne fera pas 100 mètres dans ce quartier. Du coup. 3 soles et un taxi plus tard on prend notre bus direction Santa Maria, normalement à 4h30 de route. Passage dans la vallée sacrée précédant la montée d’un col a 4600 mètres juste en dessous des neiges éternelles andines du Nevado Veronica (5750 mètres). Magnifique. La descente est vertigineuse et le chauffeur reste étonnement prudent. Peu à peu, on pénètre dans la jungle, les bananeraies du Pérou et l’on arrive à Santa Maria après 6h. La ponctualité péruvienne. En route, on a notamment pu bénéficier des conseils d’un VRP en Phytotherapie locale qui nous a vanté ses produits pendant une heure tout digressant sur le cancer, les téléphones portables et le stress. On est resté perplexe au moment ou tous les voyageurs se sont précipités pour lui acheter ses remèdes. Un beau travail en tout cas. Nous prenons ensuite un bus de Sta Maria à Hydroelectrica, qui n’est pas une ville comme nous le croyions mais une usine perdue au fond de la vallée. Le microbus que nous prenons emprunte une piste accrochée à 300 mètres au dessus du fleuve qui finit dans le lit de la rivière au milieu des pelleteuses et des immenses blocs de pierre drainés par les pluies et la dynamite. Pour finir ce périple, 2h de marche en pleine jungle le long de la fameuse voie ferrée d’où l’on croit apercevoir les ruines du macchu 800 mètres plus haut…c’est un peu long mais on se prend pour Indiana Jones traversant les ponts suspendus poursuivis par des allemands en short et camelbag…
Arrivée a Aguas Calientes. Rien a dire. Croisement entre une station de ski en été et un village western. Rempli d’américains, d’happy hours et de groupes folkloriques a flûte de pan… Dodo très vite.

Levée 3h pour être les premiers à monter au MP a pied, permettant de gagner son ticket pour le Wayna Picchu. Pour cela il faut aller vite. Les premiers bus arrivent à 5h45 donc il faut être en haut avant. Ambiance tendu et électrique. Quand le pont s’ouvre c’est la couse 100 lampes torches rivalisent de rapidité pour gravir les 400 mètres de dénivelé en moins d’une heure. C’est la guerre. On se soutient mutuellement, on se relais on est forts et on arrive finalement en 50 minutes, 37emes derrière les israéliens sortant de 3 ans de service militaires...
Visite du site jusqu’à 10h. Rien à dire. Une merveille on vous montrera les très nombreuses photos. On se remet en jambe pour le Wayna Picchu, le pain de sucre que l’on voit sur toutes les cartes postales. La c’est la même. Course avec les heureux élus pour profiter de la vue en premier. 35 minutes. On arrive 6e et l’on se croit sur un îlot surplombant la vallée de l’Urubamba et le Machu Picchu.
Retour luxueux en bus climatisé, train et navette jusqu’a Cuzco ou l’on se douche avant de sombrer dans un doux sommeil.

Aujourd’hui départ pour la Bolivie et le Lac Titicaca. Bus Cuzco – Puno, la bourgade bordant le lac du côté péruvien. Mais suite aux nombreux retards du bus, on mettra 7h30 au lieu de 6. La frontière bolivienne nous est fermée. On arrive donc a Puno sans avoir mangé de la journée. Heureusement on rencontre ce bon vieux Doctor Bailon, au détour d’une rue qui nous conseille une cantine locale qui nous régale. On commande deux plats chacun devant le regard mi médusé mi gêné de la tenancière qui ne comprend ce que l’on fait dans sa gargote pour locaux a 16h...Il faut dire que l’entrée n’est pas si facile a trouver. C’est une simple entrée d’immeuble menant à un local de 20m2, assez différent des restos pour gringos de Puno. Enfin, on se console de ce contretemps avec quelques choppes de Crystal, la bière locale, dans un bar japonais vomissant des flots de musique pop commerciale… mais cela reste toujours plus sympa que la star locale, au style très personnel que nous avons enduré dans les bus, les restaus, les bus, les hôtels, la nuit, le matin,… Son nom : Rosita de Espinar. On vous laisse apprécier son talent ci-dessous...

Prochaines news dans plus longtemps dimanche sûrement depuis La Paz !





Le fameux col du Nevado Veronica...



... et la marche le long des rails vers Aguas Calientes


Le fameux train pour le Machu Picchu



Le Machu Picchu depuis le chemin de l'Inca


La photo clichée qui fait plaisir...




Les photos du Wayna, avant et après....





Quelques clichés de l'Altiplano sur la route du Lac...


...et l'arrivée à Puno.

lundi 16 août 2010

Una preguntita por favor...

Après 4 jours au Pérou, il est temps de vous donner quelques nouvelles. Première journée à Lima, où l’on flâne tranquillement tous les deux affaiblis par le décalage horaire ou une courte nuit. Nous allons manger, avec Daniel, le papa d’Helene qui m’a gentiment pistonné pour le Guatemala. Habillés en vrais routard, sweat à capuche flanqué de « Monpastis » pour Mompeyss et écharpe dégueulasse pour moi, Mr Kadjar nous emmène dans un des meilleurs restaurants de la ville. Du coup, on fait vraiment tâche mais on se régale pour la modique somme du salaire moyen mensuel d’un péruvien (aisé). Que relance décidemment. Le père d’Hélène nous éblouit avec ses histoires d’expats tordues et nous prête son chauffeur pour aller visiter le centre historique. Merci Danny !
Le lendemain, nous embarquons pour Cuzco. Arrivée à 12h, assaillis par des taxis. Nous trouvons un hôtel à deux pas de la Plaza de Armas, magnifique avec ses 4 églises et ses arcades coloniales. On s’occupe des quelques formalités. Un gamin veut nous vendre des clopes en nous affirmant que c’est très bon pour la « Salud ». Assez téméraires, nous décidons de gravir les hauteurs de la ville et à ce moment là, on commence à comprendre que l’on est à 3500m d’altitude… Un ange passa, complètement essoufflé. Nous rentrons au coucher du soleil et manger un menu économico qui est aussi infâme avec trois français très sympas rencontrés à l’auberge.
Dimanche. Notre énorme journée. Nous avions un programme huilé permettant de nous faire tous les temples de la vallée sacrée et donc 100km dans la journée. Levée 6h. Prêts à louer une bonne moto pour effectuer ce tracé. On est bouillants. Première couille. Mompeyss a surement perdu son bolleto turistico, permettant d’accéder à tous les sites. On attend jusqu’à 8h l’ouverture de l’Office du Tourisme. On est toujours super chauds. Le loueur de moto nous fait rêver avec une superbe 250cc, me demande si j’ai le permis et nous loue la moto. On part faire de l’essence. Puis impossible de redémarrer. Je ne trouve même pas le point mort. Je m’obstine pendant 25 minutes avant de m’avouer que je ne sais pas conduire une moto. La machine a eu raison de nos doux rêves de routards. On prend finalement un colectivo à 11h. Il tombe en panne mais ce n’est pas très grave car l’on rencontre une argentine hystérique qui nous oblige à prendre sa fille de 4 ans sur les genoux et nous appelle « Tio Nathan » y « Tio Guillermo ».
Arrivée à Pisac à 13h. Nous visitons le site pendant 2h heures et descendons seuls par un chemin indiqué par une vieille Inca tissant dans son costume pour touristes. Retour à Pisac. On essaie de prendre un colectivo. On attend 30 minutes à l’arrêt indiqué, avec en fond sonore la plainte d’une péruvienne alcoolique, avant de se rendre compte que la station est 500m plus bas. Le soleil se couche mais nous trouvons finalement un colectivo et l’on grille la place aux locaux qui, eux, n’ont pas fait la queue… Au retour, nous sympathisons avec deux péruviens qui nous montrent leurs créations artisanales, à savoir des carafes en argile, représentant des canards…
Lundi départ très tôt en ayant pris soin de préparer un peu plus notre voyage… Direction le Machu Pichu, mais par la voie alternative… On vous raconte ça dans deux jours !

Le Ceviche de Momp, sûrement le meilleur du Pérou...


Cuzco, le jour.

Cuzco, la Nuit.


Pisac

Les ruelles coloniales de la Ciudad Inca


L'échec...


Descente des gorges de Pisac

L'insoutenable légèreté de l'être

vendredi 13 août 2010

Fin de l'acte 1 !


Je suis a Lima ! arrivée hier. Je retrouve Antoine, Mathias et Bobo, bronzés, maigres et sales. Début de soirée a mon hôtel avant de dire au revoir aux deux premiers qui ont un vol a minuit. Boris me relance a coup de Beer Pong avec des écossais et un irlandais particulièrement moche qui a peut être inventé un nouveau concept: le dreadmulet. Un mulet doublé de dreadlocks assez fantastique qui nous a captivé durant plus d'une heure... Puis grosse soirée dans une boite a Lima. Vue sur l'océan Pacifique. Choppe. Retour a 4h. Couché 5h. Mompeyss me réveille a 7h... et me déteste car je suis sur Internet depuis trois quarts d'heures...

Et après plus d’une semaine de silence voici le dernier chapitre guatémaltèque de mon carnet de route. Même si les semaines se suivent et se ressemblent à Guate City, je m’y suis vraiment plu. Dommage, je commençais tout juste à prendre mes habitudes dans certains lieux alors que je quittais cette capitale polluée hier pour une nouvelle: Lima… Quoi qu’il en soit, si la ville n’a aucun intérêt pour un touriste (elle est moche et dangereuse), pour un expat ou un guatémaltèque aisé, il y avait vraiment moyen de se faire plaisir. Et je ne m’en suis pas privé. J’ai découvert la semaine dernière un lieu assez singulier, las 100 puertas, une rue fermée et pavée avec pleins de bars underground me rappelant un peu Oberkampf. On y trouve tout le gratin culturel guatémaltèque parlant de la nouvelle expo du MOCA de Los Angeles ou du festival électronique SumJam sur l’ile paradisiaque hondurienne d’Utilla où j’aurais bien passé mon dernier week end si les billets ne coutaient pas 500$...

A part ca que retenir du Guatemala ?

- La République Bananière ce n’est pas si mal.

A Livingston, la semaine passé j’ai vu pour la première fois je vois les immenses plantations de bananes de la vieille United fruit Company, revendue depuis aux concurrents Del Monte et Dole. Des bananiers s’étendant à perte de vue. Même si la Company est à l’origine d’un coup d’état, du déracinement de plusieurs milliers de personnes, du pillage des ressources naturelles du pays, le chauffeur de mon bus me vante les bienfaits du « paternalisme » de cette belle boite où tous les ouvriers avaient accès à la sécurité sociale et leurs enfants à une scolarité en échange de quoi ils devaient un respect éternel aux Blancs. Sacrée Doctrine Monroe. L’Amérique centrale était bien leur Congo Belge. Et très souvent ils ont été plus subtils que les européens dans leur politique coloniale, considérant l'indigène comme un potentiel consommateur et non un esclave ou au mieux un barbare. C'est vraiment pratique pour effacer les séquelles culturelles d'un pays et le faire adhérer a la sphère d'influence yankee. Peu de rebellions sauf dans les zones sensibles, a savoir les campagnes mais la encore, l'église catholique a joué son rôle de prédicateur économique. Et au final, que retient-on de chiquita ici ? Un chemin de fer usager, la première route moderne du Pacifique a l'Atlantique et un port resté le principal vecteur d'exportation du pays...mais au delà, un superbe tremplin pour toutes les autres firmes qui oeuvrent beaucoup plus discrètement depuis les années 30 et les premières dictatures.

- Rigoberta Menchu est un leurre.

Comment casser un mythe ? En parlant avec un étudiant en droit qui m’a expliqué ce que seuls les Guatémaltèques savent au sujet de Rigoberta Menchu, la célèbre porte parole des indigènes. Son histoire et sa lutte qui lui a valu son Nobel de la Paix reste assez trouble. Selon sa biographie, analphabète et orpheline, elle a travaillée des années dans une finca de café avant de devenir syndicaliste pour les indigènes. En réalité son père travaillait à l’ambassade espagnole et elle a pu profiter du système scolaire. Mais assez proche des mouvements d’extrême gauche et de la guérilla marxiste ses derniers l’ont instrumentalisé et ont créé le Mythe Rigoberta Menchu pour défendre leurs intérêts et gagner en popularité auprès de la communauté internationale via l’amalgame Guérilla = Mayas. Le prix Nobel de 1992 est une victoire pour eux puisque cela leur donna un poids immense lors du processus de paix face au gouvernement républicain. La bonne Rigoberta, une simple arme politique.

- La Religion et la superstition.

Je ne sais pas si c’est le cas en France, je ne le pense pas. Mais la tour dans laquelle j’ai travaillé durant 6 semaines n’a pas de 13eme étage car aucun employé ne voudrait y travailler…Plus généralement le Guatemala reste assez incroyable pour un agnostique puisque la Foi Chrétienne, évangélique et les religions païennes se livrent à une concurrence féroce et je dois dire qu’il est assez singulier de voir une population si croyante surtout face à tous les cataclysmes climatiques qu’ils doivent supporter (une éruption, un tremblement de terre et deux inondations, cette année…). Le summum vient du culte du Dieu Maximón, syncrétisme religieux extrême entre St Vincent, un missionnaire espagnol devenu l’incarnation de Dieu, et une antique divinité maya. Pour le satisfaire, les croyants lui offrent des clopes et des cigares ainsi que des spécialités locales qui pourrissent devant les autels. Plus généralement l’église catholique joue un rôle politique considérable et les curés sont plus écoutés que les maires dans la plupart des localités rurales. Du coup, le cardinal possède un contre pouvoir qui lui permet de demander des comptes au président pour n’importe quelle reforme. Par exemple, il tente depuis deux semaines de bloquer une reforme de la loi sur le Divorce qui autoriserait un divorce consenti par seulement un des deux conjoints…

- Les Gros.

Je vous épargne les photos des fats guatémaltèque que j'ai prises pour le plaisir. Mais il faut reconnaitre que l'obésité devrait être reconnu Grande Cause Nationale ou Defi pour le Développement. Cela tue ici plus que la malnutrition... Et c’est bien normal. Dans ce pays, les légumes sont des garnitures a tacos et aux haricots rouges et maïs. Si l’on peut se régaler des quelques excellents fruits locaux, banane ananas et papaye entre autre, la plupart se contentent de gâteaux a la crème pâtissières absolument ignobles. Bref, le ressources culinaires sont incroyables mais la population préfère se gaver. Heureusement que la bière permet de tasser tous ces bonne plâtrées. La Gallo, la fierté nationale, sensée avoir remportée dans médailles internationales, est un simple Kro. Mais ils réussissent un superbe cocktail a base de bière, de jus de tomate, de citron et de Rhum. Une vrai prouesse...

jeudi 5 août 2010

Sous le Soleil exactement


Inutile de mentir je vais vous faire rêver. J’ai passé le meilleur week end depuis mon arrivée. Et en baroudeur pour rester libre et sale. Je suis parti vendredi dernier depuis Guate en prenant un vol interne privée payé par ma boite direction Flores, nichée sur une île au milieu du Lac Petén Itza. Je ne vous refais pas le coup des volcans dans la brume,etc. mais c’est toujours aussi magnifique. Arrivée à 8h. Direction les temples mayas de Tikal. Le paysage est différent. On se trouve en pleine jungle dans le Nord du Guatemala. Donc 30°, 80% d’humidité. Les maisons sont des sortes de huttes au toit en chaume et en branchages.

Alors Tikal c’est quoi. Plus grande cité connue du monde maya (même si El Mirador a la frontière mexicaine est en passe de la surpasser aux vues des premières fouilles). La vraie particularité c’est que la cité se trouve au beau milieu de la conopée et rien n’a été coupé. Donc c’est un vrai plaisir surtout un vendredi où il n’y a pas grand monde. Les quelques kilometres entre chaque temple laissent le temps de s’immiscer dans la jungle à travers des petits sentiers. On se retrouve vraiment seul face aux bruits de la jungle. On se sent un peu comme Bardamu, assailli de sons, du grouillement des insectes et des cris des singes hurleurs. Ici ou là un arbre fraîchement tombé bloque la route. Soudain une pluie diluvienne nous fait remonter toutes les odeurs de jungle, de mousse, de champignons. On s’abrite sous une immense feuille de palmier pour atteindre finalement un temple isolé où l’on croise des ratons laveurs. Vraiment une expérience à part. Tranquille. Juste un truc que je ne comprends pas. Les indigènes mesurent 1m60 en moyenne aujourd’hui soit 1m30 il y a 10 siècles. Pourquoi se sont ils emmerdés à faire des pyramides si raides où les marches des escaliers mesurent la moitié de leurs taille ! Les pyramides, en effet, donne le vertige. La vue est magnifique car on distingue la jungle à perte de vue.

Apres 6h de ballade je rentre, passablement épuisé, pour trouver un hôtel. Je cherche une auberge de jeunesse et je tombe sur LE lieu. Sorte de recueil pour hippies et backpapers internationaux. L’endroit s’appelle « Los Amigos ». Plus de lit disponible. Pas grave je suis un vrai baroudeur je dormirai dans un hamac pour finalement finir par terre vers 2h du mat et me faire bouffer par de belles araignées durant le reste de la nuit… Le lieu est un havre de paix. Ca fume tranquille sa marijuana de tous les côtés. La vielle TV retransmet des films muets ou s’enchaînent des passages de la vie quotidienne d’indiens d’Amazonie ou de bédouins pour former, selon un israélien assis à côté de moi, un « tableau de la richesse culturelle de notre planète ». La musique est excellente avec que des vieux classiques Rock, du Shade et des vieux tubes world qui collent à l’ambiance. Bref on nage en plein cliché et c’est assez plaisant. C’est le genre d’endroit où l’on pourrait se laisser aller des jours au gré des mojitos et des bières à 1 dollar. Alangui dans mon hamac, je paresse en lisant un SAS. Je dîne avec des Allemands et des Américains autour d’une énorme tablée familiale avec au centre une sorte de curry coco délicieux. Je sombre assez vite dans un demi-sommeil qui me sera fatal.

Réveil 6h du matin. Départ pour la côte caribéenne. Tuk-Tuk pour sortir de l’île de Flores. 3h de « Chicken Bus ». Les hauts parleurs vomissent un flot de musique caribéenne et de salsa. Je suis assis à la fraiche à côté d’une locale. Ses billets sont cachés dans son soutif. Du coup elle me montre allégrement son sein gauche en me souriant devant le contrôleur. Elle a mon âge, trois gamins et 6 frères et sœurs. Ils sont fervents catholiques et vont à Rio Dulce pour une procession. Elle croit que mon IPod est un téléphone et je lui fais écouter les Gipsy Kings. Elle semble particulièrement aimer et lève les bras comme pour danser me révélant deux aisselles particulièrement velues. Nice.
Après 4h et des arrêts incessants j’arrive avec un couple de français a l’embouchure du fleuve Rio Dulce. La ville est intinteressante et nous prenons vite un bateau pour descendre le fleuve jusqu’a la cote caribéenne. On se faufile entre les catamarans des trafiquants de drogue et des riches américains. Paysages magnifiques passant de la mangrove aux larges falaises boisées. Tantôt fleuve Amazone, tantôt un Canyon. De nombreux villages de pêcheurs bordent la rive tout le long du trajet. On aperçoit de belles cases en bois et en feuillage. Les Caraïbes approchent… Arrêt dans un des hameaux. Nous profitons des sources chaudes. Je m’aventure un peu dans le village. De minuscules cases su pilotis se reliés entre elle par des planches de bois. Les moustiques pullulent dans les eaux stagnantes. Assez peureux surtout dans cette contrée réputée pour sa Dengue, je rebrousse chemin en m’aspergeant de lotion. On reste toujours un touriste… Le fleuve se rétrécie étrangement au fur et à mesure que l’on s’approche de la mer. Bien normal nous entrons dans un Delta. Quelques pélicans nous accompagnent.

Arrivée à Livingston. On m’avait prévenu. Livingston c’est vraiment tranquille. Un bout de terre où l’on accède seulement par bateau peuplé de Garifunas, une communauté descendant d’esclaves antillais qui peuple aussi la côte caribéenne du Belize et du Honduras. Loin des ruines mayas on entre vraiment dans le Guatemala Noir teinté de légendes vaudous et de cérémonies mystiques. Même si quelques mayas et autres chinois s’y sont installés. Tout les vieux fument leur hash. Tous les jeunes aussi. On passe du « Buenos Dias Señor » au « Hey, what’s up Brother ». On parle plus anglais qu’espagnol à Livingston même si les habitants sont trilingues et privilégient le dialecte local mélange de créole et d’espagnol. En déambulant dans la ville, je croise des enfants à vélo ou en buggy. Peu de voitures. Je trouve un hôtel qui ressemble au village de pêcheurs traversé auparavant. « Lucky Rusty », le proprio anglais, m’assure qu’il a mis des crabes dans les flaques d’eau pour manger les œufs des moustiques. Il me montre son raton laveur apprivoisé. Comme à Flores, c’est un bonheur. La cuisine est délicieuse, à base de poissons et de lait de coco. Dès l’Happy Hour une tonne de locaux rejoignent les proprios et se mêlent aux touristes. Là aussi on mange en famille. On se retrouve une dizaine à parler jusqu’à l’aube. Mais le vrai plaisir c’est de dormir dans un vrai lit cette fois.
Lendemain levée 9h direction la plage, par bateau bien sûr. On passe par une sorte de cimetière de vieux rafiots envahis par les pélicans. Un petit arrêt dans la jungle pour aller sauter dans une cascade naturelle. Puis direction Playa Blanca, dont le nom reste assez explicite. Si la plage est magnifique, l’eau est sale et bouillante. Mais on sait apprécier ce genre de moments quand même…surtout accompagné d’un « Coco Loco », une noix de coco coupé où l’on verse une belle rasade de rhum ambré. Cette langoureuse après midi passe bien trop vite.

Retour à Livingston. Nouvelle soirée où un vieux Garifuna nous raconte ses histoires. Le consul du Kaiser allemand qui attendait les cargaisons de café venant du Rio Dulce, les ouragans qui poussent les bateaux à mouiller à Livingston, étrangement épargné par les tempêtes tropicales. Un autre nous explique qu’il organise des croisières aux îles Vierges pendant la Haute Saison et qu’il vient se reposer ici 4 mois par an. La vie se fait au jour le jour. Je déguste une bonne langouste pour quelques dollars. J’ai l’impression d’être dans un théâtre ou chaque acteur tient son rôle. Vieux Marin, Rasta, Touriste Baba, Gamin des rues, Gringo désabusé. Mais pourtant, l’échange est bien réel. Je m’endors dans un hamac bercé le Calypso du Bar…
Lundi matin. Je devrai être au Bureau. Je suis toujours à Livingston. Je flâne dans les rues en attendant mon bateau. Puis 5 heures de bus. Retour à Guate. Je vais me remettre à manger des haricots rouges et des galettes de mais. Je regrette déjà.



Livingston à l'aube