jeudi 5 août 2010

Sous le Soleil exactement


Inutile de mentir je vais vous faire rêver. J’ai passé le meilleur week end depuis mon arrivée. Et en baroudeur pour rester libre et sale. Je suis parti vendredi dernier depuis Guate en prenant un vol interne privée payé par ma boite direction Flores, nichée sur une île au milieu du Lac Petén Itza. Je ne vous refais pas le coup des volcans dans la brume,etc. mais c’est toujours aussi magnifique. Arrivée à 8h. Direction les temples mayas de Tikal. Le paysage est différent. On se trouve en pleine jungle dans le Nord du Guatemala. Donc 30°, 80% d’humidité. Les maisons sont des sortes de huttes au toit en chaume et en branchages.

Alors Tikal c’est quoi. Plus grande cité connue du monde maya (même si El Mirador a la frontière mexicaine est en passe de la surpasser aux vues des premières fouilles). La vraie particularité c’est que la cité se trouve au beau milieu de la conopée et rien n’a été coupé. Donc c’est un vrai plaisir surtout un vendredi où il n’y a pas grand monde. Les quelques kilometres entre chaque temple laissent le temps de s’immiscer dans la jungle à travers des petits sentiers. On se retrouve vraiment seul face aux bruits de la jungle. On se sent un peu comme Bardamu, assailli de sons, du grouillement des insectes et des cris des singes hurleurs. Ici ou là un arbre fraîchement tombé bloque la route. Soudain une pluie diluvienne nous fait remonter toutes les odeurs de jungle, de mousse, de champignons. On s’abrite sous une immense feuille de palmier pour atteindre finalement un temple isolé où l’on croise des ratons laveurs. Vraiment une expérience à part. Tranquille. Juste un truc que je ne comprends pas. Les indigènes mesurent 1m60 en moyenne aujourd’hui soit 1m30 il y a 10 siècles. Pourquoi se sont ils emmerdés à faire des pyramides si raides où les marches des escaliers mesurent la moitié de leurs taille ! Les pyramides, en effet, donne le vertige. La vue est magnifique car on distingue la jungle à perte de vue.

Apres 6h de ballade je rentre, passablement épuisé, pour trouver un hôtel. Je cherche une auberge de jeunesse et je tombe sur LE lieu. Sorte de recueil pour hippies et backpapers internationaux. L’endroit s’appelle « Los Amigos ». Plus de lit disponible. Pas grave je suis un vrai baroudeur je dormirai dans un hamac pour finalement finir par terre vers 2h du mat et me faire bouffer par de belles araignées durant le reste de la nuit… Le lieu est un havre de paix. Ca fume tranquille sa marijuana de tous les côtés. La vielle TV retransmet des films muets ou s’enchaînent des passages de la vie quotidienne d’indiens d’Amazonie ou de bédouins pour former, selon un israélien assis à côté de moi, un « tableau de la richesse culturelle de notre planète ». La musique est excellente avec que des vieux classiques Rock, du Shade et des vieux tubes world qui collent à l’ambiance. Bref on nage en plein cliché et c’est assez plaisant. C’est le genre d’endroit où l’on pourrait se laisser aller des jours au gré des mojitos et des bières à 1 dollar. Alangui dans mon hamac, je paresse en lisant un SAS. Je dîne avec des Allemands et des Américains autour d’une énorme tablée familiale avec au centre une sorte de curry coco délicieux. Je sombre assez vite dans un demi-sommeil qui me sera fatal.

Réveil 6h du matin. Départ pour la côte caribéenne. Tuk-Tuk pour sortir de l’île de Flores. 3h de « Chicken Bus ». Les hauts parleurs vomissent un flot de musique caribéenne et de salsa. Je suis assis à la fraiche à côté d’une locale. Ses billets sont cachés dans son soutif. Du coup elle me montre allégrement son sein gauche en me souriant devant le contrôleur. Elle a mon âge, trois gamins et 6 frères et sœurs. Ils sont fervents catholiques et vont à Rio Dulce pour une procession. Elle croit que mon IPod est un téléphone et je lui fais écouter les Gipsy Kings. Elle semble particulièrement aimer et lève les bras comme pour danser me révélant deux aisselles particulièrement velues. Nice.
Après 4h et des arrêts incessants j’arrive avec un couple de français a l’embouchure du fleuve Rio Dulce. La ville est intinteressante et nous prenons vite un bateau pour descendre le fleuve jusqu’a la cote caribéenne. On se faufile entre les catamarans des trafiquants de drogue et des riches américains. Paysages magnifiques passant de la mangrove aux larges falaises boisées. Tantôt fleuve Amazone, tantôt un Canyon. De nombreux villages de pêcheurs bordent la rive tout le long du trajet. On aperçoit de belles cases en bois et en feuillage. Les Caraïbes approchent… Arrêt dans un des hameaux. Nous profitons des sources chaudes. Je m’aventure un peu dans le village. De minuscules cases su pilotis se reliés entre elle par des planches de bois. Les moustiques pullulent dans les eaux stagnantes. Assez peureux surtout dans cette contrée réputée pour sa Dengue, je rebrousse chemin en m’aspergeant de lotion. On reste toujours un touriste… Le fleuve se rétrécie étrangement au fur et à mesure que l’on s’approche de la mer. Bien normal nous entrons dans un Delta. Quelques pélicans nous accompagnent.

Arrivée à Livingston. On m’avait prévenu. Livingston c’est vraiment tranquille. Un bout de terre où l’on accède seulement par bateau peuplé de Garifunas, une communauté descendant d’esclaves antillais qui peuple aussi la côte caribéenne du Belize et du Honduras. Loin des ruines mayas on entre vraiment dans le Guatemala Noir teinté de légendes vaudous et de cérémonies mystiques. Même si quelques mayas et autres chinois s’y sont installés. Tout les vieux fument leur hash. Tous les jeunes aussi. On passe du « Buenos Dias Señor » au « Hey, what’s up Brother ». On parle plus anglais qu’espagnol à Livingston même si les habitants sont trilingues et privilégient le dialecte local mélange de créole et d’espagnol. En déambulant dans la ville, je croise des enfants à vélo ou en buggy. Peu de voitures. Je trouve un hôtel qui ressemble au village de pêcheurs traversé auparavant. « Lucky Rusty », le proprio anglais, m’assure qu’il a mis des crabes dans les flaques d’eau pour manger les œufs des moustiques. Il me montre son raton laveur apprivoisé. Comme à Flores, c’est un bonheur. La cuisine est délicieuse, à base de poissons et de lait de coco. Dès l’Happy Hour une tonne de locaux rejoignent les proprios et se mêlent aux touristes. Là aussi on mange en famille. On se retrouve une dizaine à parler jusqu’à l’aube. Mais le vrai plaisir c’est de dormir dans un vrai lit cette fois.
Lendemain levée 9h direction la plage, par bateau bien sûr. On passe par une sorte de cimetière de vieux rafiots envahis par les pélicans. Un petit arrêt dans la jungle pour aller sauter dans une cascade naturelle. Puis direction Playa Blanca, dont le nom reste assez explicite. Si la plage est magnifique, l’eau est sale et bouillante. Mais on sait apprécier ce genre de moments quand même…surtout accompagné d’un « Coco Loco », une noix de coco coupé où l’on verse une belle rasade de rhum ambré. Cette langoureuse après midi passe bien trop vite.

Retour à Livingston. Nouvelle soirée où un vieux Garifuna nous raconte ses histoires. Le consul du Kaiser allemand qui attendait les cargaisons de café venant du Rio Dulce, les ouragans qui poussent les bateaux à mouiller à Livingston, étrangement épargné par les tempêtes tropicales. Un autre nous explique qu’il organise des croisières aux îles Vierges pendant la Haute Saison et qu’il vient se reposer ici 4 mois par an. La vie se fait au jour le jour. Je déguste une bonne langouste pour quelques dollars. J’ai l’impression d’être dans un théâtre ou chaque acteur tient son rôle. Vieux Marin, Rasta, Touriste Baba, Gamin des rues, Gringo désabusé. Mais pourtant, l’échange est bien réel. Je m’endors dans un hamac bercé le Calypso du Bar…
Lundi matin. Je devrai être au Bureau. Je suis toujours à Livingston. Je flâne dans les rues en attendant mon bateau. Puis 5 heures de bus. Retour à Guate. Je vais me remettre à manger des haricots rouges et des galettes de mais. Je regrette déjà.



Livingston à l'aube

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