lundi 5 juillet 2010

Le stage ouvrier



… de trois jours heureusement.


Vendredi matin levé 5h pour un départ matinal pour le champ pétrolier ! Paysages majestueux au décollage, les volcans entourent la capitale semblant scruter les voyageurs dans leur manteau de velours... Je m’endors paisiblement nullement gêné par le vrombissement du moteur à hélice et les émanations de gasoil du petit avion qui fait la liaison avec Xan, situé à 500 km au Nord. Je me réveille alors que nous survolons la jungle et que nous nous apprêtons à atterrir. Je suis tout excité d’arriver sur les lieux. C´est la jungle ! Trop cool ! Vive Tintin et les Picaros ! Mais je relativiserai assez vite mon engouement puisque les moustiques me saigneront jusqu’au sang et que mes chaussures de sécurité me donneront des belles ampoules.

Le site est VRAIMENT perdu dans le Nord du Guatemala. 37 degrés a l’ombre 80% d’humidité. Aucun contact avec l’extérieur n’est possible. Sans la piste d’avion la première ville se trouve à 120 km. Les paysages sont assez beaux, forêt de bois exotiques et mangroves bordées de palmiers. De manière générale ça ressemble au bourbier vietnamien d’Apocalypse Now sans les méchants bridés. Je fais le tour avec le responsable de la sécurité durant toute la journée. Il m’explique que le principal danger ici réside dans les rejets de H2S, un gaz incolore qui peut bloquer le système respiratoire en un instant s’il est inhalé à trop forte dose. S’ensuit quelques anecdotes morbides quoique assez marrantes sur des types complètement débiles qui s’amusaient à ouvrir des tankers pour les inspecter en retenant leur respiration au lieu de prendre un équipement adapté et qui mourraient sur place. Le plus drôle c’est que leurs petits copains en les voyant inconscients ne pensaient pas à mettre un masque et se précipitaient à leur tour dans le tanker…
Je fais ensuite la visite des différents puits de pétrole avec lui. Il est d’une gentillesse rare et j’ai rarement vu quelqu’un qui aimait autant son métier. Il m’explique un peu le fonctionnement du site et je me rends compte que le champ pétrolier est basé dans une réserve naturelle… Du coup je fais un peu mon écolo et le provoque sur le thème de la responsabilité sociale, blabla. Là il me concède qu’ils polluent beaucoup notamment parce que leur système électrique est fourni par du diesel mais que les plus nocifs sont les communautés mayas qui sont nomades et brûlent constamment la forêt pour créer des pâturages à leur vaches ! Habile Bill. Aucun pétrole ne s’échappe des puits car le pétrole est dirigé directement vers un oléoduc. En revanche, les communautés indiennes locales sont adeptes du braconnage, notamment de perroquets et de singes qu’ils revendent sur les marchés. Ils sont aussi assez forts dans le vol et le trafic de cuivre. Enfin, il leur arrive de prendre en otages le personnel du site pour réclamer de l’argent ou de faire exploser l’oléoduc pour être employé lors des travaux de reconstruction. Du coup, la solution est assez simple : les payer. Ils sont prioritaires sur les contrats d’intérim et certains ont intégré l’armée pour vivre dans un détachement qui garde la frontière mexicaine située à 25 km. Enfin qui garde est un bien grand mot. Leur tache principale est de se faire corrompre par les sans papiers qui veulent traverser la frontière. D’ailleurs ces derniers ont changé de route car le péage est devenu trop cher !
César, c’est son nom, me raconte ensuite les autres problèmes du champ à travers une tonne d’anecdotes. Par exemple, il me narre l´histoire d’une fête locale où la population se baladait près de l’oléoduc. Les gens chantaient au son des Marimbas et quelques uns, bourrés, ont tailladé le pipeline répandant du brut partout. D’autres événements plus graves aussi comme des prises d’otage sur le champ pétrolier par des paysans sans terre ou des maîtres d’écoles (armés de machettes quand même…) voulant faire pression sur le gouvernement. Et enfin, les narcos, toujours présents, qui construisent des fausses fincas abritant une piste d’atterrissage et des locaux de stockage en pleine jungle avant le passage vers le Mexique.
Apres cette rencontre assez sympathique le premier jour j’ai visité les installations vendredi et samedi. Bon que dire. Très intéressant tout ça mais je n’ y mettrai pas les pieds une seconde fois. Je suis revenu couvert de moustiques, la bouffe était horrible et basée sur deux féculents, le maïs et le maïs. Heureusement que les ouvriers sont très sympas malgré leurs 12 heures de boulot quotidien… Après le match de foot de 19h et le dîner, le temps se fait un peu long. Heureusement j’ai pu me plonger et finir la suite du Dracula de Stoker chippé à Jean Remi. Mouahahah.
Quelques surprises sont venues rythmer ces 3 jours assez monotones. Entre autre une alarme pour fuite de gaz mortel a 6h du mat. Fausse alerte. Mais surtout des paysages magnifiques notamment au coucher du soleil et quelques rencontres avec des animaux locaux comme la tarentule, le singe ou le toucan !
Retour lundi matin a Guate. Next Step les volcans…




Départ de la capitale

Le bon coucou

Assez magique...





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